Il est 20 heures, Bécon s’éveille
Prenez un confinement, ajoutez une prêtresse du bonheur et un amoureux des platines, et vous obtenez la recette gagnante du printemps des confinés : le « 20 heures » du parc des Bruyères. Ceux qui l’ont vécu s’en souviennent …
Tout commence le mardi 17 mars. lorsque la France entière se retrouve figée. Valérie Bineau, coach profession nelle et « happycultrice » revendiquée, entend parler de l’idée d’applaudir tous les soirs à 20 h les soignants et ceux qui continuent à travailler en pleine épidémie.
« Je suis sortie avec mon mégaphone rose . j’ai remercié les soignants et j’ai chanté pour mettre un peu de bonne humeur au balcon». se souvient-elle . Lorsqu’elle demande si un DJ figure parmi ses voisins, François Bonnel, disc jockey et « ambianceur » de soirées et mariages, lui répond aussitôt.
« Quelques jours plus tard. nous organisions un rendez-vous clandestin dans le parking pour qu’il me prête du matériel. en respectant la distance d’un mètre entre nous bien sûr». s’amuse Valérie Bineau.
Du monde au balcon
C’est le coup d’envoi de deux mois festifs. Et face au succès rencontré. le groupe Facebook « Le 20 heures du parc des Bruyères » voit le jour très rapidement pour « que tout le monde puisse se parler et poster des vidéos» à l’heure des portes closes et des gestes barrières. Débute alors le partage des anniversaires ou naissances. que les deux compères prennent plaisir à annoncer le soir au micro. Jusqu’au 11 mai. le rituel est le même: le chant de ralliement Bella Ciao à 20 h. en hommage aux Italiens qui ont lancé le mouvement, des applaudissements, puis des remerciements pour les pompiers. commerçants, caissiers, gardiens d’immeuble. etc. et enfin l’hymne du groupe, I Will Survive. Sans oublier les soirées à thème chaque mardi et le madison géant du samedi. Pancartes, drapeaux, déguisements : chacun apporte sa touche personnelle à cette grande fête qui dure jusqu’au déconfinement.
Un souvenir marquant
« Nous ne voulions pas arrêter du jour au lendemain. confie Valérie Bineau. Nous avons donc écrit un discours ‘de clôture’ et avons poursuivi les soirées du mardi pendant trois ou quatre semaines.» Et. pour marquer la fin de cette aventure conviviale, un pique-nique est organisé le jour de la Fête de la musique dans le parc des Bruyères. Au programme: madison et yoga du rire (spécialité de Valérie Bineau). Cette parenthèse festive a mobilisé durablement le voisinage. « Voir chaque soir autant de monde à sa fenêtre. c’était très émouvant. c’était plus qu’un plaisir». témoigne François Bonnel. Pour Valérie Bineau. « c’était un moment qui permettait à tout le monde de se défouler et, pour certains, de rompre avec la solitude du confinement. Certains sont venus nous remercier. » Il suffit d’ailleurs de parcourir la page Facebook du groupe pour mesurer l’impact de ce rendez- vous sur les résidents. « Quelle équipe de choc ! », écrit une voisine : « 55 soirs aux balcons ,36 professions remerciées chaque soir, 24 heures de musique, 193 titres diffusés, 30 anniversaires célébrés, une naissance (…) et tout ça grâce à Valérie et François… et nous tous bien sûr! Encore merci », note un autre participant. Des instants de convivialité inespérés en période de distanciation sanitaire!